Culture kanak et calédonienne

Diversité et authenticité

Mosaïque culturelle et traditions préservées

Comme on dirait Paris et la province, ici on parle de Nouméa et de “la brousse”. En dehors de la capitale, les villages abritant les tribus se nichent dans les cocoteraies, les bananeraies et les champs. Cases kanak surmontées de flèches faîtières, entourées de leurs jardinets, églises, chapelles, temples et missions se succèdent au creux des vallées et au bord du lagon. La culture kanak est matérialisée par la tradition d’accueil et la pratique de la coutume. Les sculptures en bois, tels les totems des amérindiens, accompagnent la vie du quotidien.

Autre facette de la diversité, sur la côte ouest, les communes telles que Paita, Bourail, Koné ou Koumac cultivent une ambiance « Far West ». Chez les « Caldoches », descendants européens colons ou bagnards, le western américain n’est pas très loin. On y retrouve la fameuse tradition du rodéo et dans les plaines, les stockmens veillent sur les troupeaux. Une fois par an a lieu la foire de Bourail, particulièrement pittoresque, à Boulouparis la fête du cerf et de la crevette et à Farino celle du ver de Bancoule. Sensations garanties !

Les « zoreilles », métropolitains installés récemment, et les populations wallisiennes, tahitiennes, vietnamiennes, japonaises et indonésiennes ajoutent leur patte dans ce tableau cosmopolite du “destin commun”.

La vie “à la trib’s”

Les tribus kanak, regroupées sous huit grandes aires coutumières, se composent de grandes familles dirigées par des chefs coutumiers. Chaque morceau de terre appartient à quelqu’un. Tontons, tantines, cousins, cousines, la vie en communauté bat son plein autour des cases. Chaque individu a un rôle à remplir et des obligations à honorer au sein du clan, indépendamment de son activité professionnelle. La vie en tribu s’articule autour du rythme de la nature et des ancêtres : calendrier du cycle des ignames, travail des champs, symbolique des animaux, rituels en l’honneur des ancêtres, préparations de mariages ou deuils, lieux tabous sont autant d’éléments traditionnels solides de la vie quotidienne kanak.

« Faire la coutume »

Le geste coutumier, quand on a la chance de le vivre ou encore de le pratiquer, est une expérience difficile à raconter. Le résumer en quelques mots serait une insulte à la culture kanak, tant ce moment est riche de symboles, de traditions, et de sens. Il est dit que c’est grâce au geste coutumier effectué en son honneur que « le centre culturel Tjibaou a reçu le souffle de la vie. » C’est dire son importance dans le monde kanak, où d’ailleurs l’on ne parle pas ”d’une coutume” mais de différents rites à effectuer et paroles à transmettre selon l’évènement, son propre statut dans le clan, son sexe… Ces rites sont faits de paroles fortes et de gestes graves que l’on pratique lors de mariages, deuils, naissances ou de fêtes importantes comme la fête de l’igname.

Lors d’un séjour en Nouvelle-Calédonie, vous pourrez être amené à assister à des cérémonies dans lesquelles prennent place de tels moments. Des Hommes parlent avec le cœur, les autres écoutent en silence, regards rivés au sol, parfois les yeux fermés, pour mieux s’imprégner de la parole qui se libère, sacrée. Des ignames sont déposées, de longs morceaux d’étoffe déroulés, le tabac est fumé ensemble. C’est un moment émouvant durant lequel quelques larmes peuvent être versées.

En tant que visiteur, vous pourrez aussi pratiquer ce geste vous-même de manière plus légère : remerciement pour un hébergement lors de votre arrivée, demande pour visiter une propriété privée, petite offrande de départ… Cette action peut s’apparenter, dans notre culture occidentale, à offrir à son hôte un cadeau accompagné d’un petit discours. Les ignames, morceaux d’étoffe, monnaie traditionnelle kanak et tabac sont aujourd’hui aisément remplacés par un billet (500 frs) ou des vivres enroulées dans un « coupon coutume» (tissu aux motifs locaux) ou un t-shirt. Vous pouvez apporter du riz, du café, même du poisson pour les gens de la montagne… ! Ce n’est pas tant le don qui compte que les mots qui l’accompagnent. Se présenter, dire d’où vous venez et ce qui vous amène ici fera plaisir à la personne qui vous écoute. En retour, il se peut qu’elle vous offre un contre-don et une parole. Les yeux baissés sont une marque de respect.

La monnaie kanak

Anciens dons offerts lors de paroles données, les monnaies kanak n’ont pas de valeur marchande. A chaque monnaie sa fonction particulière. Véritables objets d’art, elles peuvent se constituer d’une tête sculptée ou tressée, d’un corps en os de lézard, de roussette ou de pointes de petits cônes, et de pieds en poils de roussette. Elles sont conservées dans un étui en tissu ou végétaux tressés.

Les langues du pays

En Nouvelle-Calédonie existe un phénomène peu commun : sur 18.575 km² de terres, se côtoient plus de 30 langues locales différentes. Bien souvent, les différents locuteurs ne comprennent pas la langue de la tribu voisine. Le vecteur commun est le français, langue parlée et comprise par tous. Autre langue locale à connaître : celle des sourcils ! Un haussement de sourcils appuyé peut se substituer à un “oui”, même si l’on ne vous regarde pas dans les yeux…

Qu’est-ce qu’on mange ?

La gastronomie calédonienne est le reflet de la mixité culturelle extravagante qui habite l’île. Les livres de cuisine locale sont étonnants : ils répertorient un florilège de plats aux inspirations océaniennes, vietnamiennes, méditerranéennes, javanaises, arabes, et bien d’autres encore…

Puisque nous parlons de spécificités locales, nous citerons en premier lieu le plat « endémique » calédonien : le bougna, un mets qui se consomme et se partage dans les règles de l’art kanak. Prenez une feuille de banane, garnissez-là d’ignames et de taros, de légumes et de poisson ou viande, arrosez de lait de coco, enveloppez et laissez mijoter dans un four local, fait de pierres chaudes enterrées. Ouvrez, partagez, vous avez là une expérience culinaire 100% traditionnelle !

On trouve ici des mets aussi étonnants que les cuisses de grenouilles en France et typique de l’archipel : La roussette, plus grosse chauve-souris au monde, peut se consommer en ragoût. On se délecte d’un gratin de bénitier (mollusque géant) ou d’une salade de trocas (coquillage conique). Sur les îles, le crabe de cocotier, animal digne d’un livre de science-fiction, est succulent, sans parler des escargots de l’île des Pins !

Le cerf et le cochon, seuls gibiers sauvage de la Grande Terre, se déclinent savoureusement de la salade de cerf mariné au cochon grillé en passant par des terrines et des mijotés au citron. Les crevettes calédoniennes sont réputées dans le monde entier. Accompagnés d’ignames, riz, patates douces, frites de manioc, ou salade de papaye, on se régale de produits de la mer typiques des îles océaniques : langouste, requin, mahi-mahi, thon cru, picots, salade tahitienne… Les fruits tropicaux abondent : mangues savoureuses, avocats dodus, letchis sucrés, noix de coco… Certains ont leurs petits surnoms : « pomme-liane » pour les fruits de la passion, « pomme-cannelle » pour l’attier… ils sont à croquer !

Le kava, plante originaire du Vanuatu, se consomme en boisson. On ne l’apprécie pas pour son goût terreux mais plutôt pour l’effet relaxant qu’il procure. Il est consommé autour du coucher de soleil dans des lieux particuliers : les nakamals. Loin de l’ambiance animée des bars, ces établissements faits de cabanes de planches et décorés de rideaux de coquillages, accueillent tranquillement leurs clients dans une ambiance feutrée, pénombre et jeux de cartes propices à la détente. Suivez la lumière rouge !

Parmi les spécialités à ramener dans sa valise : achards de citrons, saucisson de cerf, gelée de goyave, confiture de bananes, vanille de Lifou, café de Sarraméa, sel aux algues de Kô…

L’art de la sculpture

C’est essentiellement à travers les sculptures ornant les cases et les jardins et dans les objets symboliques ou quotidiens que les arts premiers s’expriment : flèches faîtières (principal emblème kanak), chambranles de portes, poteaux, masques, instruments de musique, armes… Ils sont ornés de personnages au nez imposant ou d’animaux symboliques comme la tortue, le lézard ou encore le serpent et racontent les liens forts à la Terre et aux ancêtres. De fines gravures sur bambous narrent des histoires anciennes ou décrivent le cycle de la vie au rythme des cultures.

Tu danses ?

Le « pilou » c’est la danse traditionnelle qui fait vibrer le sol de la Grande Terre. Elle est gesticulée différemment en fonction des clans ou des familles et porte d’autres noms, notamment dans les îles. Visages et torses peints, couronnes et jupes végétales, plumes et coquillages,… Cette danse initialement nocturne a été interdite par les autorités coloniales mais elle est de nouveau dansée dans les cérémonies de mariages, deuils, naissances…. Aujourd’hui, la troupe du Wetr mêle danses traditionnelles et contemporaines sur scène.

La culture urbaine a le vent en poupe. Les troupes de hip-hop présentent des performances de qualité qui surprennent le public à travers des alliances inattendues : chants baroques ou jonglages de feu pour des métissages à l’image de l’archipel. La danse moderne et classique n’est pas en reste.

Le festival “waan danse” rassemble au centre culturel Tjibaou vers octobre-novembre un bel aperçu des danseurs calédoniens et océaniens contemporains.

La zik’ du caillou

Rien de tel que “Radio Djido” pour s’imprégner de la culture musicale calédonienne.
Le kaneka, sorte de reggae empreint de rythmes ancestraux est LE genre musical typique de la Calédonie. Sur les ondes, il côtoie la country calédonienne et la (trop) romantique musique tahitienne. Sur scène, les slameurs calédoniens tiennent une bonne place. L’association poemart décerne les “flèches de la musique” aux meilleures créations locales.